Mieux vivre

Le Social business, l’économie qui change le monde

Modèle d’affaires à vocation durable, le social business incite à la création d’entreprises qui, au lieu de reverser des dividendes aux actionnaires, réinvestissent l’intégralité de leurs profits, localement, au service d’un objectif social. Retour sur les contours d’une économie émergente dont la finalité n’est pas l’enrichissement personnel, mais un monde plus juste.

A l’origine ? La Grameen bank. Littéralement, la banque des villages. Son principe ? Prêter une petite somme à un groupe de cinq personnes qui veulent entreprendre et ont pour obligation de rembourser. Si une seule échoue, tout le groupe est pénalisé avec interdiction de contracter un autre prêt durant cinq ans. Tout repose sur la dynamique de groupe. Créée en 1976 au Bangladesh, la Grameen Bank s’est imposée comme le moule du micro-crédit.

Le social business est une alternative au tout profit, une économie qui redonne à l’Homme une place centrale

L’idée a germé dans l’esprit de Muhammad Yunus : «J’enseignais l’économie à l’université. A l’époque, le Bangladesh traversait une terrible famine et j’ai voulu voir comment je pouvais me rendre utile aux personnes du village voisin. »

Du micro-crédit au social business

Avec 27 euros en poche, il part aider 42 personnes. Mais Muhammad Yunus sent bien que la charité n’est pas une solution pérenne. « J’ai une grande admiration pour la charité. Elle fait de grandes choses, mais elle a une limite : l’argent utilisé fait le job, mais n’a qu’une vie. La charité ne peut se répliquer puisqu’à chaque fois il faut réinjecter de l’argent frais. » Durant plusieurs mois, il essaie de convaincre les banques de prêter de l’argent aux personnes dans le besoin. Refus. Alors le généreux économiste décide de se porter garant. Si besoin, il remboursera à la place des emprunteurs. Les banques acceptent et accordent quelques crédits. « Et ça a magnifiquement bien fonctionné ! »

La finalité sociale de l’entreprise prime donc sur la finalité lucrative.

Alors pourquoi s’arrêter en si beau chemin ? Muhammad Yunus souhaite traiter le mal à la racine. « A chaque fois que j’ai vu un problème, j’ai créé un business pour résoudre le problème. J’ai ainsi monté une cinquantaine d’entreprises dont l’objectif n’était pas de gagner de l’argent, mais de trouver une solution. Et on a commencé à appeler ça le social business. »

Les sept principes du Social business

Conceptualisé par Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix en 2006, le social business est une alternative au tout profit, une économie qui redonne à l’homme une place centrale. En 2009 au forum de Davos, l’économiste dressait la liste des sept principes du social business :

  • L’objectif de l’entreprise est d’éradiquer la pauvreté ou de s’attaquer à un ou plusieurs problèmes sociaux – l’objectif n’est donc pas la maximisation du profit
  • L’entreprise doit assurer sa viabilité financière et économique
  • Il n’y a pas de dividende. Les investisseurs récupèrent leur investissement
  • Les profits sont réinvestis dans l’entreprise pour son développement
  • L’entreprise respecte l’environnement
  • La main-d’œuvre obtient le salaire du marché avec de meilleures conditions de travail
  • Faire tout cela dans la joie

La finalité sociale de l’entreprise prime donc sur la finalité lucrative. Une révolution. Si le modèle de Muhammad Yunus passe par la création d’entreprises « not for profit », aujourd’hui, certains grands groupes s’investissent dans le développement de modèles similaires. Et c’est exactement l’esprit du prix Nobel de la paix qui souffle sur ces belles initiatives. « Choisissez votre problème, concentrez-vous là-dessus, développez un modèle économique pérenne pour répondre à ce problème et voyez quelle différence vous pouvez apporter. »

Pour l’économiste, McCain a un rôle a jouer, parce que l’entreprise fait de la pomme de terre. Dès 2012, l’entreprise canadienne a ainsi lancé une joint-venture avec Muhammad Yunus en Colombie. Le projet Campo vivo permet aux petits agriculteurs défavorisés de se former aux bonnes pratiques agricoles, de développer une rotation de cultures et d’assurer un débouché commercial pour leurs pommes de terre via l’usine de McCain. « Dans de trop nombreuses économies, les agriculteurs sont poussés à se spécialiser. Ils font du coton, du café, mais rien qu’ils puissent manger. Quand le marché s’écroule, ils n’ont rien. McCain encourage ainsi les agriculteurs à se diversifier. »

Pour le prix Nobel, l’idée est de lancer un mouvement. « Les grands groupes peuvent faire beaucoup, mais chacun d’entre nous a cette capacité de faire bouger les choses. Il suffit de montrer l’exemple. Une fois la démonstration faite, l’idée devient une propriété commune car elle peut changer le monde. »

Laissez un commentaire :

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

yunus
dnk-i-kletka

Montre-moi tes gènes, je te dirai quoi manger.

Lire l'article
yuka

Yuka : Mieux consommer, à portée de scan

Lire l'article
vignette-focus_0

Ces aliments qui vous protègent de la chaleur

Lire l'article